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Travail du dimanche : ne pas céder au chant des sirènes

 

Travail du dimanche : ne pas céder au chant des sirènes

Depuis quelques jours, le thème du travail du dimanche revient en force.

Il est d’ailleurs intéressant de voir comment certains, dans la majorité, sont finalement prêts à s’accommoder de changements profonds alors même qu’en 2009, ils n’avaient de mots assez durs pour combattre les projets de la majorité d’alors !!!

Pour ma part, je n’ai pas changé avec les majorités : je reste opposé à la généralisation du travail du dimanche.

Bien sûr, déjà un nombre important des actifs travaille le dimanche pour assurer la continuité de services publics comme les hôpitaux ou la sécurité. Il y a encore les commerces de bouche, la restauration et les exemples des zones touristiques. Tout cela est logique et de bon sens.

Sans doute faut-il réfléchir à de nouveaux ajustements. Le maquis législatif et réglementaire a besoin d’être ajusté à notre début de XXIème siècle. Ne soyons pas crispés et hostiles à des évolutions. On verra bien les propositions Bailly dans deux mois. Mais je tiens à réaffirmer, tout comme en 2009, avec force et conviction, mon opposition à une généralisation du travail du dimanche.

Et ce pour au moins trois raisons – économiques, sociales et sociétales – intrinsèquement liées sous peine de vicier le raisonnement.

Des raisons économiques tout d'abord. Malgré les nombreuses études réalisées, il n'est à l'évidence pas certain que l'ouverture des magasins le dimanche dope la croissance. Elle risque par ailleurs d'entrainer une distorsion de concurrence forte entre petits et grands commerces, entre commerces de centre-ville et commerces péri-urbains avec un risque réel de vider les centres-villes avec le lot de chômage qui irait avec. En termes d'aménagement du territoire, le compte n'y est pas non plus.

Des raisons sociales ensuite. Quel vrai choix laisserait-on aux salariés? On évoque un volontariat bien sûr mais est-on vraiment livre quand on a besoin de gagner un peu plus ? Il faut encourager le travail, le reconnaitre mais cela ne passe pas nécessairement par le dimanche ! Certes on trouvera toujours des gens pour qui travailler le dimanche ne pose pas problème mais pour la plupart à quel prix ?
Enfin des raisons sociétales. La question du travail dominical nous renvoie à une question essentielle et centrale : quel type de société voulons-nous ? L'économie de marché est sans aucun doute le meilleur système économique qui existe mais on le répète suffisamment ces temps-ci, ne laissons pas le marché tout faire. Le dimanche est un temps associatif, sportif, familial qui peut aussi être oisif. Laissons donc les gens en paix ce jour-là.

S'il convient, encore une fois, évidemment, de tenir compte d'exceptions qui existent d'ores et déjà et qu'il est nulle question de remettre en cause (hôpitaux, services publics, zones d'attractivité touristique...), si des améliorations et clarifications peuvent sans doute être apportées, trois fois non à la généralisation du travail le dimanche.

C'est un enjeu de société, nous avons besoin de temps collectifs pour nous retrouver.

Il est des richesses qu'il faut savoir ne pas produire parce qu'elles coûtent davantage qu'elles ne rapportent.

Tout ce qui isole l'homme l'appauvrit et la société avec lui : le travail dominical généralisé ne nous enrichira pas.